Noël au Japon : quand le poulet éclipse la dinde

KFC Japon

Si le Père Noël moderne boit du Coca, pour les Japonais, il mange aussi KFC ! Découvrez aujourd’hui l’étrange tradition du repas de Noël 100% KFC au Japon.

L’hiver a revêtu son grand manteau blanc, le Père Noël vérifie sa check-list pour être sûr de ne rien oublier, les sapins brillent de mille-feux dans les chaumières, les familles se sont réunies… Le réveillon peut enfin commencer.

Sur les tables des principaux pays européens, on trouve pêle-mêle du foie gras, du pain d’épice, des coquilles Saint-Jacques, de la dinde aux marrons, du gratin dauphinois et évidemment la célèbre et exquise bûche de Noël.

Au Japon, à cette même période, ce n’est pas tout à fait la même ambiance. En se baladant dans les rues, on admire certes les décorations éblouissantes qui ornent les grandes villes, mais on s’étonne également devant le nombre de Japonais qui patientent devant le KFC.

Generation Voyage vous propose aujourd’hui de découvrir l’histoire d’une tradition récente dans un pays qui ne peut se soustraire à l’américanisation de sa société.

Les Américains bien avant le KFC

Une histoire de Guerre…

Événement festif par excellence, l’histoire qui l’accompagne au Japon n’est pas forcément aussi joyeuse et réjouissante. En effet, la tradition du KFC au Japon, c’est d’abord une affaire de guerre.

Le 7 décembre 1941, dans un contexte de Guerre mondiale, le Japon provoque les Etats-Unis lors de la célèbre « attaque de Pearl Harbor » qui oblige les Américains à prendre part au conflit.

Profondément blessés par cette attaque, les USA répliquent quatre ans après, et pas de la façon la plus pacifique qui soit. Et pour cause, ils larguent deux bombes atomiques sur le pays du Soleil Levant. Le Japon ne peut se relever de cet affront et, à court de vivres, de munitions et d’hommes, capitule.

Template Japon Nagasaki et Pearl Harbor

Nagasaki & Attaque de Pearl Harbor Crédit photo : Shutterstock : Everett Collection

Le 2 septembre 1945, cet événement marque donc officiellement la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pour autant, les Japonais n’en ont pas fini avec les Américains.

En effet, les nations vainqueures de la Seconde Guerre mondiale ne souhaitent pas reproduire les erreurs du passé qui ont conduit à la montée du fascisme en Europe et à un autre conflit international.

Aussi, les Alliés optent pour une stratégie différente : aider à la reconstruction du Japon et de l’Allemagne en restant sur place pendant un certain temps. C’est ainsi que le Général MacArthur, désigné par le président Américain Harry Truman, se retrouve à la tête du Japon pendant “l’occupation”. Un tournant décisif dans l’Histoire japonaise marquant à lui seul, le début de l’américanisation de la société.

Hamburger VS Sushi

Hamburger & Sushi Crédit photo : Shutterstock – Alexandr Popel & Bal Iryna

C’est donc essentiellement par l’intermédiaire des G.I, les soldats de l’US Army, que les grandes marques et firmes américaines débarquent petit à petit sur l’archipel. Fini le temps des Samouraïs et des sushis ! Désormais, les enfants japonais jouent aux soldats, boivent du Pepsi, écoutent du Rock US et mangent des hamburgers ! L’occupation Américaine au Japon se termine en 1952 après la signature du Traité de San Francisco mais l’influence États-unienne, elle, demeure et prospère.

…et de poulet frit

C’est seulement vingt ans après la fin de l’occupation que KFC (Kentucky Fried Chicken), la célèbre chaîne de restauration rapide américaine, pose ses valises au pays du Soleil Levant. Au début des années 70, l’American Way of Life est déjà très présent sur l’archipel. Plusieurs chaînes américaines y sont implantées et font partie intégrante du quotidien des Japonais.

Et c’est dans ce contexte, qu’en 1974, KFC réalise un vrai coup de maître, jusqu’ici jamais encore égalé !

Japon KFC Noel

KFC au Japon à Noël Crédit photo : Shutterstock – image_vulture & Quality Stock Arts

En effet, après avoir entendu plusieurs expatriés chrétiens se plaindre de devoir fêter Noël sans poulet ni dinde, Takeshi Okawara, premier directeur de KFC dans le pays, réagit. Une idée brillante lui traverse l’esprit : proposer un « seau de fête », à vendre en guise de repas de réveillon.

La dinde se faisant très rare au Japon, Okawara décide de la remplacer par du poulet frit. KFC parachève donc son coup de génie en créant une campagne publicitaire nationale intitulée Kurisumasu ni wa Kentakkii : “Kentucky pour Noël” et le tour est joué !

Le fast-food crée donc lui-même un mouvement qui deviendra une véritable tradition : le repas de Noël 100% KFC !

L’origine du poulet frit
L’idée de Takeshi Okawara de proposer un poulet frit au réveillon lui est venu… dans un rêve !

Noël au Japon

Illumination de Noel au Japon

Illumination de Noël à Tokyo Crédit photo : Shutterstock – Patryk Kosmider

Dès lors, la chaine de fast-food s’implante de façon fulgurante dans tout le pays. Un coup de maître dont le succès s’explique notamment par une tradition jusque là méconnue au Japon… En effet, les Japonais ne célèbrent pas la naissance du Christ au réveillon pour la simple et bonne raison que seulement 2 ou 3% de la population est chrétienne.

Pour autant, ils reprennent les codes du Noël occidental : marché avec vin chaud, décorations dans les rues, chants… Tous les ingrédients sont là pour recréer la magie de cette période. Tous ? Non. Car si la dimension familiale à Noël est très présente chez les occidentaux, elle ne l’est pas du tout pour les Japonais. En effet, le réveillon est pour eux un événement qui se célèbre entre amis. C’est également l’occasion de déclarer sa flamme à son ou sa dulciné… Et de manger un bon KFC !

KFC en amoureux
Pour les Japonais, inviter l’être aimé à partager un KFC le soir de Noël est synonyme de grande classe et très apprécié. Que voulez-vous, un bucket réchauffe les coeurs !

KFC a noel au Japon

Poulet Frit KFC & Le Colonel Sanders, égérie de KFC, en Père Noël Crédit photo : Shutterstock – Robson90 & image_vulture

D’ailleurs, selon la BBC, « 3,6 millions de familles japonaises consomment ce fast-food au réveillon ». KFC multiplie ses ventes par 5 ou 10 durant cette période et totalise un chiffre d’affaires de plusieurs dizaines de millions d’euros entre le 23 et le 25 décembre. Pour les Japonais, déguster un KFC à Noël est une véritable institution. Certains d’entre eux commandent leur menu des mois à l’avance tandis que d’autres, plus téméraires, sont prêts à patienter 4h pour avoir leur fast-food préféré le soir du réveillon.

Afin d’augmenter d’un cran leur chiffre d’affaires et d’ancrer davantage la tradition, KFC a diversifié ses menus de Noël en commercialisant des plats de plus en plus élaborés. En plus de l’incontournable Poulet de Noël (qui ne figure pas sur la carte le reste de l’année), les Japonais peuvent compléter leur menu avec du champagne, de la salade et le fameux Kurisumasu kēki, un gâteau de Noël japonais à base de sponge cake recouvert d’une couche de chantilly ou de chocolat… Le tout pour 3.336 yens (environ 30 euros). D’autres menus sont également à la carte comme la Christmas Box 100% Poulet.

Christmas Cake Japonais

Kurisumasu kēki, gâteau japonais Crédit photo : Shutterstock – sasaken

D’autres enseignes américaines cherchent à concurrencer KFC, sans trop de succès cependant, en proposant des alternatives au poulet frit. C’est le cas de Wendy’s qui vend depuis 2011 son burger au foie gras et aux truffes pour 1.280 yens (un peu plus de 11 euros). Malgré ces tentatives, KFC reste le leader incontesté et indétrônable quand il s’agit du réveillon.

Si ces traditions vous donnent envie, à défaut de pouvoir voyager et voir le Mont Fuji ce 24 décembre, foncez au KFC le plus proche et envolez-vous pour un Noël 100% japonais !

Recette et préparation du poulet karaage

Après vous avoir fait saliver tout au long de cet article, Generation Voyage met à l’honneur le pays du Soleil Levant en vous proposant une recette de poulet frit… mais attention, version asiatique ! Voici donc la recette du poulet karaage.

Poulet Kaarage

Crédit photo : Shutterstock – gontabunta

Les ingrédients

  • 300g de poulet sans os
  • 3 cuillère à soupe de sauce soja
  • 1 cuillère à soupe de saké de cuisson
  • 5g de gingembre frais haché
  • 2 gousses d’ail écrasées
  • 60 ml de fécule de pomme de terre katakuriko (pour enrober le poulet) ;
  • Huile de friture
  • Mayonnaise japonaise (kewpie)
  • Quartiers de citron

Les étapes

  • Coupez le poulet en petits morceaux (laissez la peau pour plus de croustillant)
  • Dans un saladier mélangez le gingembre avec l’ail, la sauce soja et le saké de cuisson. Ajoutez le poulet, enrobez-le bien et laissez mariner 30 minutes
  • Egouttez tout excès de liquide et ajoutez le katakuriko. Mélangez jusqu’à ce que le poulet soit entièrement enrobé
  • Faites chauffer de l’huile dans une poêle jusqu’à ce qu’elle atteigne une température d’environ 180°C. Testez la température en mettant un peu de farine dans l’huile : si elle grésille en tombant, l’huile est assez chaude. Faites frire 3 ou 4 morceaux à la fois, jusqu’à ce qu’ils soient bien dorés. Quand ils sont prêts, retirez-les de la poêle et laissez-les sécher sur une grille
  • Servez froid ou chaud, avec quelques quartiers de citron et un filet de mayonnaise japonaise
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Voyageuse certifiée depuis mon plus jeune âge, j'entretiens cette passion que j’allie désormais avec mon goût pour l’écriture. Alors attachez vos ceintures…cap sur une nouvelle destination !

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