Équateur : à la découverte des îles Galápagos
« À l’origine des espèces » comme dirait Darwin. Mystérieuses et lunaires, les îles Galápagos intriguent et fascinent. Laissez-vous embarquer dans cet archipel légendaire, aux confins de notre monde…
Après la découverte des îles Galápagos, votre vision du monde et du temps qui s’écoule vacillera. Vous rentrerez en ayant vu et exploré une tout autre planète, pourtant aux portes de notre monde, et cela vous marquera au fer rouge. Vous n’aurez que rarement croisé, peut-être dans les livres d’Histoire, les animaux qui peuplent l’archipel des Galápagos. Ces bêtes énigmatiques, tantôt effrayantes tantôt attendrissantes, qui vous regardent profondément.
Ici, pas de paysages « type carte postale » comme on en trouve aux îles Bahamas ou en Polynésie. Les paradis tropicaux ont laissé place à des paradis lunaires ou des parterres de végétations où se calfeutrent les animaux préhistoriques.
Chose surprenante, vous tomberez sur plusieurs villes bien développées, notamment sur les îles principales. Mais toutes vivent en harmonie avec les terres volcaniques et les écosystèmes fragiles. En sommes, les îles Galápagos sont une véritable vitrine de la biodiversité, rigoureusement préservée de l’Homme et battue de secrets intactes. Elles vous invitent à un voyage quasi mystique… Pourquoi pas, pour commencer, à nos côtés.
Les Galápagos en quelques mots
Quand partir ? Comment se déplacer ?
Les îles Galápagos jouissent d’un climat qui, globalement, scinde l’année en deux. De janvier à mai, le temps est ensoleillé et les températures agréables. Quelques averses pointent le bout de leur nez, sans pour autant corrompre vos activités.
À cette époque, la mer est accueillante et les vents s’apaisent. De juin à décembre, le temps est complètement sec. Cependant, les températures chutent, le froid s’installe et, avec lui, les vents violents font leur apparition. La mer est houleuse. Le plus grand intérêt de cette période est l’observation des mammifères marins et des oiseaux terrestres qui s’agitent massivement dans la mer et le ciel.
Une fois votre période choisie et vos vols réservés (généralement depuis la France vers Quito puis jusqu’à l’archipel) vous vous poserez probablement la question des déplacements entre les îles.
De notre côté, nous avons privilégié les bateaux : l’option la plus économique et sympa. Du moins, si l’on a du temps devant soi et pas le mal de mer. Car oui, les eaux sont agitées. L’autre option est l’avion : plus rapide pour visiter Santa Cruz (aéroport de Baltra) et San Cristóbal (aéroport à Puerto Baquerizo Moreno). Bien entendu, ce choix est plus onéreux.
Frais d’entrée sur les îles Galápagos
La paradis a tout de même un prix. Avant d’embarquer en direction de l’archipel, vous devrez payer 20 premiers dollars pour la conservation des îles. Gardez la preuve de cette participation. À votre arrivée, vous devrez débourser 100 dollars de frais d’entrée. La visite de l’île d’Isabela est, quant à elle, taxée de 10 dollars supplémentaires.
Bref, un voyage aux Galápagos reste dispendieux. Néanmoins, il est possible d’économiser un peu d’argent en privilégiant les auberges de jeunesse et la street food tout au long du séjour. Mais, si vous êtes comme nous, vous comprendrez vite que faire flamber le budget pour vivre une telle expérience vaut définitivement le coût.
Géographie et population
Les îles des Galápagos forment un archipel posé en plein Océan Pacifique. Les îles, 19 en tout, vont de 1 kilomètre carré (oui, oui) à 4 588 kilomètres carrés. Sans compter le chapelet d’îlots qui les encercle. L’archipel est le fruit du travail du temps et de l’érosion. Les îlots ne sont, en vérité, que la pointe immergée de dizaines de volcans sous-marins.
Tout au long du littoral, les coulées de laves grignotées par les éléments forment des contours complexes et déchiquetés. Dans les hautes terres, la richesse des sols volcaniques a donné naissance à une végétation éparse et tropicale : un véritable paradis de chlorophylle. Une autre partie des Galápagos est caractérisée par une zone aride, trouée par les cactus qui s’enracinent dans les fissures des coulées de lave.
Seulement cinq îles sont habitées, dont la plus importante est la Isla Santa Cruz avec sa ville, Puerto Ayora, qui fait office de capitale touristique. C’est un incontournable, ne serait-ce que parce que la plupart des bateaux de croisières mouillent dans son port.
Bien plus qu’un lieu de transit, Santa Cruz offre plusieurs sites naturels qui passent malheureusement sous les radars des touristes pressés. Autre point de chute majeur aux Galápagos : la Isla San Cristóbal et sa ville, Puerto Baquerizo Moreno. Les trois autres îles peuplées, Isabela, Baltra et Santa Maria, sont plus discrètes et leurs bourgades plus tranquilles.
Faune et flore des Galápagos
Les premiers explorateurs surnommaient l’archipel Galápagos : les îles enchantées. Un surnom qui en dit long sur le kaléidoscope de merveilles présentes. Loin du monde et du tumulte de l’Homme, des animaux d’un autre temps vivent en paix sur cet archipel perdu.
Les eaux qui entourent les îles sont gorgées en plancton, attirant les mammifères marins spectaculaires. En voyage dans les îles Galápagos, vous approcherez les otaries et les lions de mer, admirez les ailerons des dauphins dans le sillage des bateaux, côtoierez les baleines qui surgissent des vagues ou les superbes prédateurs que sont les orques.
Plus en profondeur, une faune marine secrète évolue en silence. Les poissons tropicaux bigarrés sont les idoles des plongeurs, au coude-à-coude avec les requins-marteaux et les raies Manta. Sur la terre ferme, vous aurez la chance d’admirer parmi les plus beaux oiseaux du monde. Des buses aux hiboux des marais, en passant par le flamant rose, le moqueur ou le pinson de Darwin, des centaines d’espèces auront toujours les yeux sur vous…
Lorsque vous vous approcherez des côtes, les oiseaux des mers prendront possession du ciel. Des vagabonds des mers aux agiles manchots en passant, cette fois-ci, par le fou à pieds bleus et la frégate rougeoyant, nul besoin d’être ornithologue pour tomber sous le charme.
Enfin, impossible de parler de la faune et de la flore des Galápagos sans aborder les reptiles… Ces bêtes préhistoriques aux allures parfois menaçantes sont absolument fascinantes et se laissent étonnamment approcher. Si le reptile le plus connu est la tortue géante, autres iguanes terrestres et marins, comme les lézards de lave flamboyants, ne manqueront pas d’accrocher votre regard.
Notre aventure dans les îles Galápagos
Place au récit de nos 15 jours coupés du monde. Deux semaines, c’est long. Vous pourrez tout à fait écouter votre séjour en sélectionnant deux à trois îles seulement. Une semaine à dix jours offre déjà une immersion extraordinaire.
Comme la plupart des voyageurs, nous atterrissons sur le petit caillou de Isla Baltra. Depuis l’aéroport, nous empruntons la ligne qui relie gratuitement la Isla Santa Cruz. Nous posons nos bagages à Puerto Ayora pour trois jours, afin de prendre le pouls des Galápagos.
Les quelques touristes qui nous accompagnent semblent surpris de trouver bien plus que des plantes et des animaux. En effet, Puerto Ayora est bel et bien une ville développée et prospère, léchée par les plages où languissent otaries et pélicans. Les baies rutilantes et les paisibles lagons nous offrent une formidable première expérience de snorkeling dans Las Grietas : ces crevasses remplies d’eau qui percent les rochers.
Dès le second jour, nous filons prendre un bain de soleil avec les iguanes marins de Bahia Tortuga. Sans trop tarder non plus, nous nous sommes rendus à la réserve de tortues géantes El Chato. Stupéfaction garantie ! Puis, le troisième jour, nous nous laissons séduire par les îles lilliputiennes aux alentours de Santa Cruz. Toutes sont propices aux rencontres atypiques : reptiles endémiques, otaries, forêts de cactus, oiseaux marins rares.
Après cette courte et belle introduction aux îles Galápagos, nous débarquons à San Cristóbal grâce au bateau rapide qui relie les deux îles. Nous logeons dans sa ville principale, Puerto Baquerizo Moreno : un point de chute idéal pour rayonner dans l’île.
Dès le lendemain, un taxi nous récupère pour nous conduire le long des lagunes, des rares lacs d’eau douce et des plages habitées par l’incroyable fou à pieds bleus. L’îlot rocheux de San Cristóbal abrite également des tortues géantes et des lézards de lave, évoluant dans un décor de tufs volcaniques.
Cependant, plus heureux encore que les amoureux de nature : les amateurs de sport nautique. Surf, snorkeling, kayak, plongée : Isla Cristóbal est un terrain de jeu idyllique pour toutes ces pratiques.
D’un côté la vie sous-marine foisonne pour les plongeurs (raies léopards, tortues marines et requins) et, de l’autre, la houle du nord et d’excellents reef breaks appellent les surfeurs. Sur terre comme en mer, nos efforts physiques sont toujours récompensés.
Chaque soir, nous prenons nos quartiers dans l’un des restaurants de Puerto Baquerizo Moreno qui, malgré son développement, a su conserver ses allures de village de pêcheurs et son ambiance délicieusement détendue.
Bientôt une semaine dans les îles Galápagos mais notre soif de découverte est nullement épanchée. Nous nous envolons pour la Isla Isabela. Cette île est la plus grande de l’archipel. Toutefois, on ne s’y rend pas pour sa superficie ou les dimensions cyclopéennes de ses volcans, mais plutôt pour ses colonies de manchots vivant au pied des falaises.
Notre première activité sur place est toute trouvée : une sortie kayak parmi ces manchots, suivie d’un cocktail sur une plage. Puis, nous renouons rapidement avec notre amour pour la marche et nous élançons à l’assaut des volcans.
Les sentiers de l’île sont adaptés à tous les niveaux. Mais deux randonnées valent particulièrement le détour. Tout d’abord, celle du Volcan Alcedo qui, visibles derrière les fumerolles nonchalantes, abritent des tortues géantes en pleine liberté. Puis, la randonnée du Volcan Sierra Negra dans un paysage de science-fiction et de fumerolles dansantes.
Notre pied-à-terre sur Isla Isabela se situe dans le village Puerto Villamil. Perdue au bout du monde, cette bourgade somnolente baigne d’authenticité.
À moins d’une heure en bateau, vous pourrez découvrir d’incroyables spots de snorkeling où les coulées de lave serpentent entre les mangroves et la mer et où les animaux préhistoriques traversent les siècles. Si vous êtes chanceux, vous pourrez même faire la rencontre d’un hippocampe en train de cabrer entre les formations de lave de Los Tuneles, d’anciennes formations de lave abritant une faune époustouflante.
Avant de quitter cette île coup de cœur, nous sommes partis admirer Las Tintoreras : une petite île en face, connue pour ses eaux où somnolent les requins à pointes blanches.
Il nous reste encore une belle semaine à la découverte des îles Galápagos. Difficile de faire un choix pour la suite de notre programme. Toutefois, nous décidons de faire une halte prisée à Isla Bartolomé. Encore une promesse de sessions snorkeling dans un cadre fabuleux, au milieu des marées de tortues de mer et sous l’œil attentif des manchots joueurs.
Savez-vous que ces drôles d’oiseaux ne sont pas si timides que cela ? Il est possible de les approcher de près sur de nombreuses plages. Bien entendu, dans le respect des distances pour ne pas déranger l’équilibre fragile de Mère Nature. Une autre belle façon de visiter Isla Bartolomé est de grimper au sommet de l’île. La vue panoramique est tout simplement la plus belle de l’archipel…
Avant dernier arrêt de notre séjour aux confins du monde : une journée sur la Isla Española pour admirer les parades d’oiseaux à Punta Suarez.
Nous accostons sous une nuée de fous masqués et de fous à pied bleus. Les falaises sont battues et rongées par les vagues, soufflées par le vent et l’eau qui jaillit des vents. La scène est dramatique et saisissante. Cet îlot, le plus méridional des Galápagos, abrite l’unique colonie d’albatros de l’archipel. Des oiseaux majestueux dont le bal s’admire de mars à décembre.
D’autres oiseaux de mer viennent rapidement à notre rencontre, les phaétons à bec rouge, les moqueurs d’Española, les pinsons de Darwin et bien d’autres espèces endémiques aux becs et aux couleurs subjuguantes. Les habitants nous racontent, enchantés, que les cactus et les tortues géantes ont repris possession de ce bout de territoire menacé il y a quelques années par l’introduction des chèvres domestiques.
Après toutes ces aventures, à cheval entre sentiers de randonnées et fin fond des mers, un peu de farniente s’impose. Pour cela, rien de tel qu’une plage paisible et ensoleillée sur Isla Floreana.
L’horizon, piqué de flamants roses, et l’histoire bouleversante des premiers habitants font la réputation de l’île. Si de nombreuses excursions à la journée sont possibles depuis l’île principale de Santa Cruz, nous avons préféré y consacrer plusieurs jours, nichés dans une petite maison de l’adorable village Puerto Velasco.
Ici, les étroites rues en terre et l’absence de voiture offrent un voyage dans les îles Galápagos des années 1970. Le village abrite un petit site atypique : plusieurs tonneaux en bois réhabilités en boîtes aux lettres couvertes de graffitis, dans lesquelles les visiteurs sont invités à poster leurs cartes postales. Arrivent-elles à destination ? On vous laisse voir cela par vous-même…
Le petit port de Puerto Velasco jouxte une plage de sable noir, un paysage volcanique idéal pour poser sa serviette et reposer ses muscles. Cependant, il nous est bien difficile de résister à l’appel des paysages marins… Nous enfilons une dernière fois nos combinaisons et plongeons à la découverte d’un récif corallien, habitat naturel d’un millier de poissons tropicaux multicolores, lovés dans un demi-cercle de roches tranchantes. Au-dessus de nos têtes, hérons, phaétons à bec rouge et mouettes obscures surgissent de l’océan jusqu’aux falaises. De quoi finir en beauté ce séjour hors normes.
Comprendre l’archipel Galápagos
Les Galápagos ont été « découvertes » en 1535 par un navigateur qui tomba, par hasard, sur ce territoire en voulant gagner le Pérou.
Après les premières explorations plus avancées, les îles des Galápagos devinrent le repaire des boucaniers, pêcheurs de phoques et baleiniers. Heureusement, dès le XIXème siècle, l’île et ses espèces passèrent sous protection, notamment de l’Unesco.
Dans les mémoires collectives, les îles Galápagos sont intimement liées à Charles Darwin. Malgré les croyances, les théories et réflexions menées dans son livre, l’Origine des espèces, n’ont été que peu inspirées par son voyage succinct dans les îles. Il y séjourna cinq semaines seulement en 1835, à étudier les spécimens et étayer son approche révolutionnaire. Les îles des Galápagos s’ouvrent au monde et au tourisme plus de cent ans après sa visite.
En 1960, les premiers visiteurs foulent le sol désordonné et encore dépourvu d’infrastructures modernes. Le développement du tourisme coïncida avec le début des préoccupations environnementales. L’inquiétude sur la fragilité de l’écosystème des Galápagos conduit le gouvernement équatorien a multiplié les titres de protection : parc national classé au patrimoine mondial, réserve marine et équipes sur place dédiées à l’éducation et à la recherche scientifique tout en favorisant le développement durable.
Les autres sources de menaces sont l’introduction d’espèces invasives, tels que les animaux domestiques et les insectes, et de la pêche intensive. Cette dernière fut un vrai fléau jusqu’à la fin du XIXème siècle où une loi vient encadrer la pratique des pêcheurs. Aujourd’hui, seule la pêche raisonnée et touristique, à bord de petits bateaux, est permise.
Néanmoins, plus de 50% des espèces animales et végétales restent en voie de disparition et les efforts de réintroduction, reforestation et gestion des déchets ne suffisent pas à assurer de façon pérenne la santé et la beauté des îles.
Des règles subsistent donc au sein du parc national. Les sites visités au cours des croisières sont limités, le nombre de visiteurs restreint, les guides naturalistes rigoureusement formés, les espaces naturels fermés la nuit et la construction de nouveaux hauts bâtiments interdite.
Alors, derniers conseils, prévoyez avec un peu d’avance votre séjour et adoptez un comportent responsable tout le long.