La colonie de fous de Bassan de Cape Kidnappers en Nouvelle-Zélande
Si vous partez sur l’île du Nord en Nouvelle-Zélande prochainement, faites un détour par Cape Kidnappers et rencontrez la plus grande colonie de fous de Bassan au monde !
Situé à une vingtaine de kilomètres au sud-est de la ville de Napier sur l’île du Nord, Cape Kidnappers est un promontoire célèbre pour son impressionnante colonie de fous de Bassan, plus exactement la plus grande colonie « continentale » au monde de fous d’Australasie (Morus serrator ou Australasian Gannet) avec près de 20 000 individus. Le nom « fou de Bassan » est largement utilisé pour désigner ces grands oiseaux de mer de la famille des Sulidés qui regroupe 10 espèces dans le monde.
Après avoir passé l’hiver au large de l’Australie, de mai à septembre, les fous de Bassan reviennent ici nicher au début du printemps, couvent leurs œufs, élèvent leur progéniture et offrent un spectacle fantastique de fin octobre à fin avril.
Le fou d’Australasie adulte a une envergure de deux mètres et un poids moyen de deux kilos. Disgracieux à terre, le déploiement de ses ailes effilées lors de l’envol et ses fulgurantes descentes en piqué pour plonger et attraper du poisson dans l’océan sont exceptionnels
D’où vient le nom de Cape Kidnappers ?
Cape Kidnappers est un promontoire de grès aux falaises abruptes blanches situé à l’est de Hastings dans la baie de Hawke. Le cap a été nommé ainsi par le capitaine Cook après une tentative maori d’enlever Tiata, un tahitien membre de son équipage du HMS Endeavour , le 15 Octobre 1769.
Comment accéder à Cape Kidnappers ?
Vous pouvez observer cette impressionnante colonie, soit en excursion organisée transporté sur une plate-forme remorquée par un tracteur, soit à pied ou en kayak par la plage uniquement, en longeant les falaises sur 9 kilomètres environ. La beauté du site offre de magnifiques points de vue et paysages. L’accès par le plateau est impossible car la route traverse des propriétés privées.
La meilleure période d’observation s’étend de fin novembre à février. Le cap est fermé aux visiteurs entre juillet et octobre pendant la période de nidification. Attention: il est impératif de se renseigner auparavant sur les horaires des marées. En effet, l’accès au site de nidification n’est accessible qu’à marée basse.
Le départ de la balade se situe au bout de la route de Clifton (Hawke’s Bay), où l’on peut se garer gratuitement si l’on vient en voiture ou camping-car.
Prévoir des chaussures confortables adaptées à la marche dans le sable et parfois dans l’eau (éviter les sandales), veste chaude ou coupe-vent, vêtement imperméable (le cas échéant), chapeau, lunettes de soleil, appareil photo, et éventuellement maillot de bain, serviette et, selon l’horaire, pique-nique.
A pied : il vous faut débuter votre marche « aller » au plus tôt 3 heures après la marée haute et votre marche « retour » au plus tard 1h30 après la marée basse. Malgré cela, vous devrez certainement vous mouiller un peu les jambes pour passer certains endroits. Arrivés à Cape Kidnappers, vous pourrez profiter du spectacle des fous de Bassan durant 2 heures environ, mais vérifiez tout de même votre temps de trajet.
En kayak : par la mer, lorsque elle est calme et que la météo est clémente.
Sur une remorque tractée : Depuis 1952, Gannet Beach Adventure propose des visites guidées sur la côte de Hawke’s Bay, de Clifton à Cape Kidnappers, de manière ludique à bord d’une remorque tirée par un tracteur, avec des guides/conducteurs locaux expérimentés.
Les merveilles de Cape Kidnappers
Au cours de cette excursion, vous découvrirez les merveilles naturelles et géologiques des lieux, notamment des lignes de fracture témoignant d’anciens séismes, des fossiles et des rigoles formées par le vent et l’eau. Arrivés à Cape Kidnappers, vous aurez environ 1h30 pour gravir la falaise et observer les fous de Bassan en les approchant à moins d’un mètre !
C’est l’option que je privilégie, étant donné les aléas météorologiques et surtout les horaires de marées, et aussi parce qu’on a la chance d’avoir quelqu’un qui connait parfaitement les lieux et nous fait partager sa culture.
Parfois cette excursion peut s’avérer pleine d’imprévus. En effet, en dépit de l’été austral, la météo peut s’avérer capricieuse, avec un déchaînement des éléments, transformant le trajet en véritable aventure épique, avec montée d’adrénaline, mais sans danger.
Mon expérience personnelle à Cape Kidnappers
Lorsque j’ai visité cet endroit, l’océan était très agité, conséquence du cyclone Gita qui a frappé l’archipel sous forme de fortes pluies et de tempête en février 2018.
Mais cela n’a pas suffit à décourager Colin, notre chauffeur et guide, qui connait par cœur ces falaises et les rochers qui jonchent la plage, et parcourt cet itinéraire par tous les temps. Une expérience que je n’oublierai jamais : nous partons vers 16h30 sous une pluie fine mais pénétrante, malgré notre équipement, du vent et un ciel gris altérant la visibilité. Le tracteur slalome sur un semblant de plage envahie par les vagues par endroits. Parfois, Colin hésite afin de trouver le passage le plus approprié pour éviter l’enlisement de la remorque notamment en contournant les rochers immergés qui génèrent des courants. Sur la remorque, 20 personnes, alignées par 10 de chaque coté. À l’aller, je suis assise face à l’océan et mes jambes sont copieusement arrosées par les vagues qui viennent frapper la remorque, tandis que ceux qui font face à la gigantesque falaise signalent quelques chutes de pierres qui dévalent la paroi. Colin s’arrête à plusieurs reprises pour nous montrer les failles et cassures de la falaise en nous racontant l’origine de leur formation, et il nous rassure avec des plaisanteries pour détendre l’atmosphère.
Arrivés à Cape Kidnappers, nous grimpons la falaise par un sentier et découvrons ces milliers d’oiseaux rassemblés dans la brume sur le plateau, pas farouches du tout. On n’entend que le vent et leur cri caractéristique. Ils sont là, paisibles, imperturbables. Les jeunes au plumage foncé ont presque la taille adulte. On assiste à un ballet de décollages et atterrissages, mais aussi des comportements touchants lorsque les couples se retrouvent et se frottent mutuellement le bec et le cou ou lissent leurs ailes. Ces moments restent mémorables, malgré l’absence de soleil.
Nous rejoignons Clifton à la nuit tombée, vers 21 heures, trempés jusqu’aux os, mais heureux d’avoir fait ce périple. Nous ressemblons plus à des naufragés qu’à de simples touristes.
Ce jour-là, nous étions le seul groupe à faire cette excursion… Qui étaient les plus fous ?
En profiter pour visiter Napier
Lourdement touchée par le tremblement de terre de 1931, meurtrier et dévastateur, cette ville fut reconstruite à la mode de l’époque, Art Déco, architecture étonnante qui en fait la première ville au monde par le nombre de bâtiments Art Déco recensés, et attire les touristes. Musée Art Déco, et boutiques pour les passionnés et nostalgiques de cette époque, charmante ville côtière.
Et aussi une cinquantaine de peintures murales colorées (Street Art) dispersées dans Napier, incitant à la réflexion et célébrant le bien-être des écosystèmes de nos océans. Ces œuvres ont été réalisées dans le cadre de festivals d’art de rue organisés en 2016 et 2017.
Crédit photo principale: Flickr – Pierre Roudier