La Vallée d’Aoste : un concentré de merveilles
Quelques mètres après avoir franchi la frontière franco-italienne, la Savoie laisse place à un autre trésor des Alpes : la Vallée d’Aoste. Ce territoire, aujourd’hui italien, possède un patrimoine unique. C’est pour cela que GV vous invite à plonger dans l’une des plus belles vallées d’Europe.
De l’autre côté des Alpes, collée à la Haute-Savoie, il existe un territoire exceptionnel : la Vallée d’Aoste. Pourtant, cette petite région d’Italie est encore méconnue chez nous, les voisins français. Surprenant, tant notre population chérit la nature et le patrimoine de la Savoie, dont le Val d’Aoste a longtemps fait partie.
S’il existe de réelles différences, franchir la frontière ne provoque donc pas un franc dépaysement. Entre les montagnes, la cuisine traditionnelle et l’accueil dans un français parfait, votre arrivée dans le Val d’Aoste risque de vous plonger dans la confusion. Mais rassurez-vous, ce sentiment est vite chassé par l’émerveillement.
Enfilez-donc vos moufles et vos après-skis, GV vous emmène à la découverte de la Vallée d’Aoste, une merveilleuse terre alpine !
Une histoire folle
Aoste, une ville avant tout
Si aujourd’hui le terme « Vallée d’Aoste » (ou « Val d’Aoste ») s’est imposé, la région n’a pas toujours eu un nom et une délimitation géographique. Le seul repère sur lequel il a toujours été possible de se baser est sa capitale : Aoste. Fondée par les Romains (sous le nom Augusta Praetoria Salassorum), Aoste est depuis toujours la place forte et centrale du territoire.
En effet, Romains mais aussi Carolingiens, Burgonds, Byzantins, Lombards, Français et même fascistes, tous ont connu leur période de domination sur le territoire alpin. Mais une chose ne changera pas : Aoste sert de point central.
Il n’y a donc aucune surprise à y trouver les plus beaux édifices de la vallée, comme l’Arc d’Auguste, le théâtre romain ou encore la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption. En visitant la belle ville d’Aoste, c’est donc une véritable traversée des siècles qui s’offre à vous.
Saint-Empire, Duché d’Aoste, États de Savoie : les prémices de la Vallée d’Aoste
Mais revenons au terme « Vallée d’Aoste ». D’où vient-il ? Comme pour beaucoup de territoires européens, le nom de la région prend son origine au Moyen-Âge. Il faut plus particulièrement remonter à l’époque féodale, période où de nombreux duchés se sont créés. Si au XIIIe, le Saint-Empire commence à utiliser la dénomination « val d’Aoste » pour cibler un territoire précis de l’Empire, il faut véritablement attendre 1536 et la création de duchés impériaux pour voir naître un « duché d’Aoste ».
Le duché subsistera d’ailleurs à la fin l’Empire et sera consolidé dans les États de Savoie, un regroupement de territoires alpins appartenant à la Maison de Savoie (vous comprenez maintenant le lien), famille royale à l’origine du futur Royaume d’Italie. Seule une courte période de domination française viendra reléguer le terme « Val(lée) d’Aoste » à une utilisation géographique, laissant l’administratif utiliser le nom « Département de la Doire », une référence au principal cours d’eau des alentours.
Mais les Français finiront par céder le territoire (ainsi que le Piémont) au Royaume de Piémont-Sardaigne, puis d’Italie (dès 1861), qui nomme officiellement la région « Vallée d’Aoste ».
La menace Mussolini
Au XXe siècle, la Vallée d’Aoste est bien installée dans l’État italien, qui accepte complètement la culture régionale valdôtaine. Enfin, dans un premier temps. En effet, durant l’entre-deux guerres, la région va connaître une période sombre. La cause ? La montée du fascisme dans le paysage politique, qui voit Benito Mussolini accéder au pouvoir.
Dès lors, Mussolini souhaite accélérer l’unité italienne, encore instable, pour créer un vrai esprit national italien. Or, la Vallée d’Aoste, francophone depuis des siècles, représente un réel frein aux idées fascistes.
Par conséquent, le Duce ne va pas hésiter à concocter un programme personnalisé pour la région. Changement de statut (la région ne devient qu’une province, l’équivalent du département en France), oppression sur la langue française (langue maternelle de la quasi-totalité des valdôtains du XXe siècle), propagande appuyée… C’est un véritable assassinat culturel qui est imaginé. Un plan qui, deux décennies durant, aura des conséquences significatives.
Mais au final cette culture valdôtaine, bien qu’amochée, subsistera. Si bien qu’en 1946, suite à la proclamation de la République italienne, le région Vallée d’Aoste se voit attribuer un statut spécial qui garantie son autonomie. Les Valdôtains ont donc les cartes en main pour préserver leur héritage culturel.
Une culture riche et unique
Une terre plurilingue
Vous l’avez compris, le Val d’Aoste est une région qui a connu différentes dominations, qui ont influencé sa culture. Le plus bel exemple reste au niveau linguistique. En effet, en intégrant les États de Savoie, les habitants ont dû adopter la langue officielle : le français. Cette dernière a longtemps coexisté avec les dialectes franco-provençaux (et alémanique pour la Vallée du Lys, dont une partie des habitants sont des descendants des Walser), parlés jusqu’alors.
En revanche, la période fasciste a stigmatisé le français et les dialectes régionaux, au profit de l’italien. Aujourd’hui, la langue de Dante s’est imposée comme la première langue de la région. Néanmoins, dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, le statut autonome de la Vallée d’Aoste a permis au français de bénéficier, comme l’italien, du statut de « langue officielle ».
Ainsi, la langue de Molière possède la même importance que l’italien au niveau scolaire et administratif. Quant aux dialectes, il n’ont pas disparu mais ont beaucoup plus souffert de l’ère Mussolini. Mais aujourd’hui encore, le français et les dialectes sont suffisamment présents pour faire du Val d’Aoste une terre plurilingue. Une exception quasi unique dans la Botte.
La cuisine valdôtaine : l’autre pilier de la culture locale
L’histoire et la langue de la région sont donc étroitement liées à plusieurs territoires limitrophes. Un fait confirmé par un autre aspect culturel : la cuisine. Au quotidien, les valdôtains ont largement adopté le répertoire gastronomique italien et ses plats phares. Mais la région possède aussi son vrai terroir gastronomique, avec des produits labellisés. Parmi eux, la fontina, le fromage demi-dur à base de lait de vache, a rencontré un succès international. Dans toute l’Italie et au delà, la fontina est un véritable ambassadeur de la cuisine valdôtaine.
Mais la cuisine de la région ne s’arrête pas qu’à son fromage. Mieux, certains plats vous diront déjà quelque chose ! Et oui, des plats comme la fondue (ou fonduta), le frincandeau ou la tartiflette ne sont pas seulement des spécialistes suisses ou savoyardes ! Elles font également partie de la cuisine traditionnelle valdôtaine. Une particularité, encore une fois, due au passé croisé de ces territoires voisins.
Enfin, d’autres plats sont quant à eux propres à la région d’Aoste, comme le riz accompagné de châtaignes au lait ou la soupe à la valpellinoise.
Avouez-le, quand vous avez lu cuisine valdôtaine, vous avez pensé au jambon Aoste. Il se trouve que la marque, très répandue en France et en Italie, crée un vrai malentendu. Car si la Vallée d’Aoste produit effectivement du jambon cru, il n’est pas vendu par la marque Aoste. En effet, le jambon cru Aoste est élaboré dans le département où est basée l’entreprise : l’Isère. En France, donc.
Néanmoins, il existe bel et bien un jambon cru produit dans la Vallée d’Aoste. Il s’agit du jambon De Bosses DOP, aromatisé avec des herbes de montagnes à Saint-Rhémy-en-Bosses, à 1 600 mètres d’altitude.
Un paradis naturel
Terminons cette découverte de la Vallée d’Aoste par ce qu’elle a de plus beau à offrir : sa nature. Les différents paysages alpins de la région plongent ses visiteurs dans une capsule d’émerveillement. Dans les vallées ou sur les sommets, en hiver ou en été, terrestre ou aquatiques, on ne compte plus le nombre d’endroits de ce calibre.
Laissez-nous vous transporter dans ce tour d’horizon de la nature valdôtaine, pour le plus grand plaisir de vos rétines.
Les montagnes : la Vallée d’Aoste vertigineuse
Cet air pur, cette sensation de grandeur, ce manteau blanc l’hiver et rocheux l’été, les Alpes sont grandioses et les montagnes de la Vallée d’Aoste confirment cette réputation. Les amoureux de la montagne découvriront un véritable havre de paix, où seule la quiétude et le silence des hauteurs les accompagneront.
Pour ressentir cela, il suffit de partir à la rencontre des plus hauts sommets locaux, qui franchissement le palier des 4 000 mètres de hauteur. C’est le cas du Grand Paradis (ou Gran Paradiso), logé dans le parc national éponyme, le plus ancien d’Italie. La montagne offre une vue sensationnelle sur la nature du parc qui lui rend la pareille, avec des points de vue fantastiques sur la montagne.
Et puis il y a aussi deux sommets dont la beauté est associée à une symbolique : celle d’être une frontière. D’un côté, tout au nord du Val d’Aoste, le Mont Cervin vient marquer le passage de l’Italie à la Suisse. Sa forme particulière permet à tous les visiteurs de le dissocier, si jamais la hauteur ne suffisait pas.
Il se peut d’ailleurs, qu’encore une fois, en voyant le Cervin vous ayez ce sentiment de déjà vu. Rassurez-vous, vous n’êtes pas fou. Juste gourmand, puisque le Mont Cervin est présent sur le logo Toblerone, le célèbre chocolat suisse.
Enfin, montez encore plus haut, au sommet des Alpes, pour découvrir une montagne bien connue en France : le Mont Blanc. Grand de 4 810 mètres, la plus haute montagne alpine est aussi une frontière naturelle entre la France et l’Italie (on parle aussi de Monte Bianco). Pour les plus sportifs, la montagne peut être un vrai défi. Mais ne partez pas sans certitudes ! Si cela semble trop grand, descendez vers la jolie bourgade de Courmayeur pour admirer la montagne d’un autre point de vue, dans un cadre enchanteur.
Vallée(s) d’Aoste
Commercialement parlant, visiter la Vallée d’Aoste est rentable. On vous promet de visiter la vallée, mais au final c’est pas moins de 14 vallées qui sont à visiter ! Certaines sont même des passages incontournables, comme la vallée du Grand-Saint-Bernard et son col qui frôle les 2 500 mètres d’altitude, ou encore la Valtournenche et ses stations de ski réputées.
Mais si l’on ne devait n’en retenir qu’une, il s’agirait à coup sûr du Val de Rhêmes, située dans le Parc National du Grand Paradis. À elle seule, on peut découvrir un condensé de tout ce que la région à de plus beau. Sa flore, sa faune (bouquetins et chamois par exemple), ses sommets… C’est un véritable décor de carte postale grandeur nature qui se dresse.
Entre lacs, glaciers et rivières
Et puisque l’on parle de carte postale, ces dernières risquent d’afficher toute la richesse naturelle du Val d’Aoste. Territoire montagneux oblige, la région regorge de points d’eaux liquides ou glacés qui font le bonheur des randonneurs. Parmi ces endroits exceptionnels, ne manquez pas le Lac Verney, le plus vaste du territoire et dont le panorama laisse bouche bée.
Côté glacier, c’est sur le massif du Mont Blanc et son versant valdôtain que vous l’on conseille fortement d’aller ou de survoler. En effet, sur le versant valdôtain, le glacier Pré de Bar est un spectacle en plein-air. Entouré de sommets iconiques (comme l’aiguille de Triolet, 3 800 mètres), l’endroit est une personnification parfaite du mot « sauvage ».
Enfin, la rivière de la Doire baltée mérite aussi son attention. Si son décor peut sembler moins impressionnant son importance, elle, est capitale. C’est d’ailleurs cette dernière qui a permis à l’Homme de s’installer dans la région. Il suffit de constater que les principales villes sont toutes longées par le cours d’eau pour le remarquer.
Et puis il suffit de la suivre, même jusqu’au Piémont, pour découvrir des lieux exceptionnels où la nature a su garder ses droits, voire coexister en harmonie avec les hommes…
Nous voilà à la fin de cette découverte. Il aurait été possible d’écrire des centaines de choses supplémentaires, tant ce petit territoire regorge de trésors comme des châteaux, des refuges etc. C’est pour cela que l’on vous invite à foncer dans l’autre côté de la frontière, dans une région forte d’une Histoire riche, d’une interculturalité unique et d’une nature envoûtante.
Par Suzie Le 23/01/2024 à 3h57
Bonjour Simon, bravo pour ton article sur le Val d’Aoste. Je vais le visiter avec grand plaisir en septembre prochain. Je suis en train de préparer mon itinéraire. Dis-moi, est-ce que tu connais le nom du village de ta première photo avec le beau village avec le beau clocher avec la rivière devant (photo tout en haut). Je chercher partout et je ne trouve pas. Merci beaucoup et encore bravo. J’ai très hâte de découvrir le tout.
Par Simon Le 03/02/2021 à 12h41
De la part d’un Valdôtain, j’adore ce reportage, très bien fait ! Dommage pour la photo du Cervin côté suisse … 😉
Par Simon Cailloux Le 04/02/2021 à 15h55
Bonjour Simon,
Merci beaucoup ! Je très heureux que l’article vous ait plus. La région méritait une jolie mise en avant !
Et oui pour la photo, cela fonctionnait mieux pour le Toblerone ! Mais je viens d’ajouter une photo supplémentaire, cette fois prise depuis la Valtournenche 🙂
Simon de la Team GV
Par Simon Malesan-Jordaney Le 04/02/2021 à 16h25
*le Valtournenche 😉
Merci beaucoup !! :))
Par Jean Morren Le 13/12/2020 à 14h18
Splendides photos d’une région étonnante…
Par Simon Cailloux Le 14/12/2020 à 10h55
Merci pour votre message Jean ! Effectivement, la région est très photogénique !
Simon
Par Michel . Chalutaud Le 13/12/2020 à 12h20
Bonjour .
Je viens de tomber sur votre article , cette région qui me semble splendide a visiter . Nous sommes camping-cariste , je souhaiterais savoir s’il y a des circuits pour profiter de cette région , culture ,paysages , balades ,randonnées . Merci pour tout . Amicalement Michel Chalutaud
Par Simon Cailloux Le 14/12/2020 à 10h53
Bonjour Michel et d’abord merci !
Je pense en effet que la région se prête au voyage en camping-car. La région étant petite, une grande partie du territoire peut être découverte lors d’un voyage. Je vous invite à découvrir l’article avec les 7 choses incontournables à faire dans la Vallée d’Aoste pour vous donner une idée.
Seul petit hic, le Parc National du Paradis peut ne pas être autorisé aux camping-cars. Il faudra donc vous renseigner là dessus avant de le prévoir.
J’espère avoir éclairé vos lanternes, et vous souhaite une agréable journée 🙂
Simon