Les villages fortifiés de la vallée du M’zab
Voyage au cœur de la vallée du M’zab en Algérie
Vrai modèle et source d’inspiration pour tous les urbanistes d’aujourd’hui, les villes fortifiées de la vallée du M’zab sont simples, fonctionnelles et parfaitement adaptées à l’environnement. La vallée du M’zab est une vallée profonde et étroite située en plein cœur du Sahara, à 600 km au sud de la ville d’Alger. Le long de cette vallée et sur une distance d’environ 10 km, sont répartis cinq villages fortifiés datant du XIe siècle ! Ces villages fortifiés forment un ensemble d’une homogénéité rare et constituent encore aujourd’hui le reflet d’une civilisation sédentaire, porteuse d’une culture extraordinaire, et qui a su même à travers les siècles préserver sa cohésion et son état d’origine.
Ces villages semblent être restés intacts, comme figés dans le temps. Conçus par les Berbères Mozabites, chacune des cinq villes, Ghardaia, Beni Isquen, Melika, Bou Noura et El Atteuf, sont construites sur une colline et entourées d’un enchevêtrement de maisons aux couleurs pastel. Des maisons regroupées, dans un cercle concentrique, autour d’une mosquée centrale toujours construite sur le sommet de la colline.
Ghardaia – Crédit photo: Yann Arthus-Bertrand
Basées au centre des villes et en hauteur, les mosquées ont été conçues comme de véritables forteresses et servaient aussi de tour de guet.
Quant aux maisons, elles ont été imaginées pour vivre en communauté, cependant, chacune d’entre elles respectent la vie privée de la famille. Un système ingénieux au cœur de ruelles étroites et de passages sinueux !
El Ateuf – Crédit photo: Yann Arthus-Bertrand
Ces cinq villes bien qu’elles soient construites de façon similaire, chacune d’entre elles possèdent une identité. Ghardaïa est la ville principale et capitale du M’zab, El-Ateuf accueille quant à elle la plus ancienne colonie de la région et Beni Isquen reste la plus énigmatique de toutes les villes de la vallée. Considérée comme sainte, Beni Isquen a longtemps était fermée et clôturée à la nuit tombée… Bien qu’aujourd’hui ce ne soit plus le cas, cette ville demeure malgré tout celle qui possède le règlement le plus traditionnel de toute la région du M’zab.
Ici, les femmes sont très timides face à la caméra, comme l’explique Jonathan Oakes, dans son guide de voyage sur l’Algérie : « Ici, vous verrez que toutes les femmes suivent la tradition et portent le haïk, un grand tissu qui est enroulé autour du corps et du visage, ne permettant de voir que d’un seul œil. Avant le mariage, les jeunes femmes sont autorisées à montrer leur visage, mais après le mariage, un seul œil ne peut être montré et découvert. En croisant le regard de l’une de ces femmes, vous vous apercevrez qu’elles fermeront davantage le tissu qui leur recouvre le visage et ne laisseront passer qu’un seul petit trou pour voir. Dans le passé, il était coutume pour les femmes de faire face à la paroi lorsque des étrangers passaient; bien que ce ne soit plus le cas, vous constaterez que ces femmes feront toujours de leur mieux pour éviter votre regard et changeront systématiquement de chemin, si vous croisez leur route. Ces femmes sont glorieusement photogéniques mais il est strictement interdit de prendre une photo d’elles et cela entraînerait un outrage. »
Ghardaia – Crédit photo: George Steinmetz
Entre tradition et religion, toutes les villes fortifiées de la vallée du M’zab sont remarquables. Malgré les années et les siècles passés, les communautés ont su préserver leur état et leur culture d’origine. Cette identité, restée intacte face au monde extérieur, a permis à l’ensemble de ces villes d’être classées au Patrimoine mondial de l’Unesco en 1982.
Beni Isguen – Crédit photo: George Steinmetz
Beni Isguen – Crédit photo: George Steinmetz
Ghardaia – Crédit photo: George Steinmetz
Beni Isguen – Crédit photo: Yann Arthus-Bertrand
Crédit photo: Flickr – lionel.viroulaud
Crédit photo: lionel.viroulaud